Née en 1980, la BMW R 80 G/S est bien plus qu’une moto : c’est un symbole fondateur du trail moderne, un modèle qui a sauvé BMW Motorrad d’une disparition annoncée, tout en posant les bases d’un segment devenu culte.

Contexte : une renaissance inattendue pour BMW
À la fin des années 1970, BMW est en difficulté. La division moto souffre face à la domination japonaise. Mais en coulisses, les ingénieurs de la marque préparent un coup de génie : fusionner l’enduro et le tourisme, avec une machine capable de tout faire.
Le prototype, conçu avec le soutien de Herbert Schek, multiple champion d’enduro, donne naissance à la R 80 G/S (pour Gelände/Strasse, « Tout-terrain/Route »). Elle marque un tournant dans l’histoire de la moto, au point de devenir une référence durable.
Une moto révolutionnaire dès sa sortie
Présentée en 1980, la R 80 G/S cumule innovations techniques et esprit aventurier :
- Moteur Boxer Twin 798 cm³ (50 ch à 6 500 tr/min)
- Cylindres traités Nikasil pour plus de longévité
- Poids maîtrisé : 185 kg
- Transmission par arbre
- Premier monobras oscillant BMW : le Monolever
Résultat : une moto maniable, robuste et polyvalente, qui redéfinit les codes du trail, aussi à l’aise sur route que sur les pistes africaines.
Un succès confirmé par les rallyes
La légende se forge aussi dans la poussière : la R 80 G/S s’illustre rapidement dans les rallyes africains, remportant le Paris-Dakar en 1981, 1983, 1984 et 1985 avec des pilotes emblématiques comme Hubert Auriol et Gaston Rahier.
Côté ventes, 21 864 exemplaires sont produits entre 1980 et 1987, un chiffre modeste mais suffisant pour relancer la division Motorrad. Seule ombre au tableau : le prix élevé (33 000 francs en 1983), bien au-dessus de ses concurrentes japonaises.
Une base technique solide, pensée pour durer
Sous son look épuré, la R 80 G/S cache des innovations durables :
- Moteur issu de la série 7, allégé (volant moteur, embrayage)
- Cylindres en aluminium avec revêtement Nikasil : fiabilité accrue
- Boîte douce mais exigeante, nécessitant un bon accompagnement
- Frein moteur marqué, parfait pour le pilotage sur le couple
Le bicylindre à plat délivre un agrément moteur impressionnant, souple et disponible, avec 56 Nm à 5 500 tr/min.
Partie-cycle : l’audace du Monolever
BMW mise sur l’existant pour innover :
- Cadre double berceau issu de la R 65, renforcé
- Suspension Monolever avec mono-amortisseur
- Frein avant à disque Brembo, durites aviation
- Frein arrière à tambour
Le Monolever, inédit à l’époque, deviendra l’ADN technique de toute une lignée (avant l’arrivée du Paralever). L’ensemble offre rigidité, précision et un comportement sain… même si le cardan d’origine, graissé à vie, est sensible passé les 100 000 km.

Une trail conçue pour l’aventure… et les longues distances
Pensée pour le voyage au long cours, la R 80 G/S se montre :
- Confortable sur route
- Performante en tout-terrain
- Fiable sur la durée
Sa consommation oscille entre 6 et 8 L/100 km. Son moteur accepte les hauts régimes et reste fluide à bas régime. Malgré une puissance modeste aujourd’hui, la polyvalence de cette machine reste bluffante.
Héritage & postérité : une lignée devenue culte
La R 80 GS (sans le « / ») lui succèdera jusqu’en 1994. Le changement de nom, selon certains, symboliserait le passage de Strasse à Sport. Mais le fond reste le même : une machine pionnière, devenue matrice de toute une gamme.
Aujourd’hui, la R 80 G/S est une pièce de collection recherchée, prisée pour :
- Sa valeur historique
- Sa polyvalence
- Sa robustesse mécanique
- Son charme vintage
En résumé : pourquoi la BMW R 80 G/S est une icône
- Moto fondatrice du trail moderne
- Mécanique fiable et simple
- Look intemporel et utilitaire
- Aptitudes route + tout-terrain
- Héritière d’une histoire sportive forte